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Séparés par des virgules

Le comportement de certains visiteurs des berges de l'Ariège agace à Clermont-le-Fort

A Clermont-le-Fort, le comportement de certains visiteurs en bord d'Ariège agace les acteurs locaux. Cette saison, la gendarmerie a déjà distribué plus de 500 verbalisations.

 

A Clermont-le-Fort, la baignade est interdite. Ce qui n’arrête pas certains plagistes. (©Florian Moutafian – Voix du Midi Lauragais)

 

Par Florian Moutafian Publié le 13 Août 22 à 7:48 Voix du Midi Lauragais

On sentait un peu d’agacement ce jeudi 4 août 2022 dans la salle des fêtes de Clermont-le-Fort. Plusieurs acteurs locaux s’étaient réunis pour parler des problèmes récurrents qu’ils subissent sur les berges de l’Ariège. Véritable réservoir de biodiversité classé en Réserve naturelle, ce très beau site est victime de son succès. Stationnements gênants, détritus, baignades non-autorisées… La liste des désagréments est longue.

Cette réunion, à l’initiative du commandant de la Communauté de brigades (COB) de gendarmerie de Castanet-Tolosan, le lieutenant Élise Delavaud, voyait la présence de la maire de Clermont-le-Fort, Élisabeth Giachetto, d’élus du conseil municipal, des représentants de la Réserve naturelle Confluence Garonne-Ariège, du garde champêtre en charge du secteur, et des gérants d’une entreprise locale.

Une fréquentation très forte

« L’objectif est de faire un rappel et un peu de pédagogie sur ces lieux classés en réserve naturelle pour leur intérêt écologique et qui sont soumis à une forte fréquentation estivale avec pas mal d’incivilités… » explique Mathieu Orth, de la Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège.

En effet, il n’est plus rare de voir débarquer 450 véhicules en un dimanche, calcule le conservateur. « On triple la population ! Tous les week-ends, on a entre 1 000 et 1 200 personnes », le rejoint un conseiller municipal de ce village de près de 500 âmes.

Ce qui est autorisé, ce qui ne l’est pas

Concrètement, l’accès aux berges de l’Ariège est autorisé sur plusieurs sites mais la baignade dans l’Ariège est interdite. Le stationnement est également prohibé sur un périmètre bien précis aux abords de la rivière. Et il est bien évidemment interdit de faire du feu et de laisser des déchets.

« On ne veut pas leur interdire de venir mais on veut qu’ils soient conscients qu’ils entrent dans une réserve naturelle… Les gens viennent ici comme s’ils venaient à la plage et c’est ce qu’on ne veut pas. On veut que les gens viennent en toute conscience du lieu, qu’ils respectent ce lieu et les riverains ! » ajoute Élisabeth Giachetto, agacée par le comportement de certains visiteurs.

Et elle n’est pas la seule. Le gérant d’une entreprise locale exprime lui aussi son ras-le-bol :

On leur explique qu’ils peuvent venir mais qu’il y a le stationnement à respecter, les déchets à ramener chez soi et qu'on ne fait pas de feu sous les arbres. Il y a des personnes avec qui ça se passe très bien comme le public familial… Par contre en début d’été, il y avait un public jeune et festif. Là, c’était sport… Des fois, le ton monte et on se chauffe.

Baignade interdite

Si la baignade est interdite, « c’est parce qu’elle est dangereuse ! », indique la maire de Clermont-le-Fort. 

«Il y a un effet machine à laver, des remous. » Élisabeth Giachetto

D’ailleurs, les participants à cette réunion recensent quatre cas de noyade (non mortels) uniquement cette saison. Le 13 juillet 2022, par exemple, un enfant de 13 ans a été sauvé grâce à l’intervention des pompiers, note-t-on au sein de la Réserve naturelle, avant de préciser qu’une amende de 68 € peut être délivrée aux contrevenants.

Le stationnement

Pour accéder à l’Ariège, un parking de 120 places est disponible sur la rive haute, mais de très nombreux automobilistes préfèrent se garer illicitement au plus proche de la rivière.

Pour ce faire, ils empruntent des voies réservées aux riverainss’installent sur des propriétés privées ou stationnent sur des emplacements dangereux. « Ils se garent n’importe où ! Le Sdis (les pompiers, ndlr) ne peut parfois pas passer », s’insurge Élisabeth Giachetto.

L’élue se rappelle par exemple d’un couple de riverains de l’Ariège qui n’avait pas pu rentrer à son domicile. Les deux retraités avaient été bloqués par des voitures stationnées illicitement.

Le lieutenant Élise Delavaud a aussi une anecdote :

Il y a quelques semaines, à Saint-Maurice, il y avait tellement de véhicules stationnés sur les deux bords du chemin qu’on ne pouvait aller que dans un sens. S’il y a un incendie ou si quelque chose se passe, les pompiers ne peuvent pas passer. Sans parler du risque de vols à la roulotte pour les gens qui stationnent… 

Pourtant, difficile de ne pas voir les panneaux, assure la gendarme :

Les gens sont conscients de l’interdiction… Les panneaux sont vus, il n’y a aucun doute là-dessus… La seule solution que nous avons à la gendarmerie, c’est de faire de la verbalisation en masse.

Cette saison, au jeudi 4 août, la gendarmerie a procédé à 542 verbalisations de deuxième classe à 35 €. Le garde champêtre a quant à lui distribué 280 amendes de 90 à 135 € selon l’infraction et l’arrêté transgressé.

Et les opérations à Clermont-le-Fort vont se poursuivre durant l’été, souligne la commandante de la COB de Castanet-Tolosan.

Les feux

La Réserve naturelle a quant à elle distribué une quinzaine de contraventions sur l’ensemble de son territoire pour des faits allant à l’encontre de son règlement, notamment pour des feux. « Là, on est intraitables » assure Mathieu Orth. Ici, les contrevenants s’exposent à une amende pouvant atteindre 1 500 €.

Les déchets

La question des déchets est également au cœur de la problématique. L’entrepreneur présent se dit d’ailleurs fatigué de devoir nettoyer derrière les plagistes.

Si les visiteurs trouvent le lieu chouette et sympa, c’est seulement parce que quelqu’un a ramassé les merdes de ceux qui étaient là avant… Sauf qu’on s’épuise. Clairement, nos équipes en ont marre de ramasser et d’ailleurs on le fait le moins… 

Le professionnel participe à des ramassages plusieurs fois par an et assure que des tonnes de déchets sont collectées. Plus fort encore ! Cette année, il constate que des plagistes vont même déféquer dans les chemins.

Les solutions

Mettre en place une baignade surveillée ? Bloquer l’accès aux véhicules avec une barrière ? Poser des conteneurs à déchets plus conséquents ? Plusieurs pistes ont été évoquées par les participants à cette réunion pour ces différents problèmes, sans qu’aucune ne fasse vraiment l’unanimité.

Une chose est sûre néanmoins : la surfréquentation des berges de l’Ariège dépasse désormais les capacités de gestion de la commune. « La mairie ne peut pas gérer cette surattractivité », souffle la maire.

Un constat que partage le gérant de l’entreprise locale, car selon lui, c’est un public toulousain qui se rend sur les berges de l’Ariège à Clermont-le-Fort. L’entrepreneur en appelle donc à la participation de l’agglomération toulousaine, du Département et de la Région.